Le 20 janvier 2025, la DenkFabrik proposait un échange en ligne sur les enjeux franco-allemands des élections fédérales législatives de février 2025 en Allemagne, en présence de Marie Krpata, chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Institut Français des Relations Internationales (Ifri) et de Jacob Ross, chercheur à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP).
Après une brève introduction par les animateurs de la conférence, Joël Crisetig et Leandra Vièl, les intervenants ont expliqué que, bien que les relations avec la France sont mentionnées dans les programmes des partis, elles ne constituent pas une priorité centrale. La CDU insiste sur l’importance de la coopération sécuritaire et de défense avec la France, tandis que le FDP voit l’Hexagone comme un contre-exemple en matière de gestion budgétaire. Le SPD souhaite maintenir une coopération traditionnelle, tandis que les Verts continuent de plaider pour une Europe souveraine et autonome, bien que ce thème soit moins affirmé qu’en 2021. Cependant, l’attention politique allemande se déplace de plus en plus vers l’Est de l’Europe, notamment vers la Pologne, qui assure actuellement la Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne.
Sur le plan des alliances, le paysage politique allemand est fragmenté, rendant difficile la formation d’une coalition stable. Une nouvelle “grande coalition” CDU-SPD est envisageable, malgré des divergences sur la sécurité. Une alliance CDU-Verts est également une option, bien que les désaccords sur les politiques industrielles demeurent importants. Les intervenants ont également souligné la méfiance générale envers une coalition tripartite (CDU-Verts-SPD), perçue comme complexe et instable.
En France, Olaf Scholz est perçu comme ayant été plus proche de Joe Biden que d’Emmanuel Macron, ce qui déçoit certains partisans de l’autonomie stratégique européenne. Friedrich Merz, encore peu connu du grand public français, prône une souveraineté européenne compatible avec une forte alliance transatlantique, se distinguant ainsi de la vision gaullienne traditionnelle défendue par Emmanuel Macron.
Enfin, la montée de l’extrême droite suscite des inquiétudes. En Allemagne, la “Brandmauer” (cordon sanitaire) reste rigide face à l’AfD, contrairement à la France, où l’extrême droite est progressivement intégrée au jeu parlementaire. Les intervenants se sont interrogés sur l’efficacité de cette isolation stricte, soulignant qu’elle pourrait augmenter les risques d’ingérences étrangères pour soutenir l’AfD et compliquer les négociations pour former des coalitions.